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9 Dècembre 1772 — 14 Février 1773

Defcription du port de Cavitte ; ce que nous avons fait pendant notre relâche.

La baie de Manille eft à peu près ronde; elle a environ sept lieues de prosondeur dans tous: les .sens, & vingt lieues de .circonférence de pointe en pointe : son entrée regarde le $. O. L’île Marivelles, qui est placée au milieu de cetteentrée,aunedemi-lieue delargeur sur deux de longueur; elle forme deux pañles, l’une au nord, & l’autre au sud.Ces deux pañses sont également bonnes. Celle du sud, qui paroït la plus large, es retrécie par deux ilots ou rochers, dont l’un, qui se nomme le Frailé, eft fur la côte_de Luçon; & l’autre, qui se nomme la Monja, est tout près del ‘île de Marivelles.

Les Espagnols ont un poste de quelques Indiens sur cette île, pour découvrir les bâtimens qui viennent chercher l’entrée de la baie. Lorsqu’ils voient un vaisleau, ils arborent un pavillon, tirent uneboite, & quelques-uns d’eux s’embarquent auslitôt pour aller à Cavitte & à Manille porter l’avis de leur découverte. On compte environ. sept lieues de Marivelles au port de Cavitte.: Ce port est dans la partie du S. E. de la baie ; il a la forme d’un ser à cheval;_ les vaisseaux y sont en süreté sur un sond de vase : il peut contenir douze vaisfeaux. Ce port est défendu par une batterie confidérable, avec un petit fort.

Les Espagnols ont dans ce port.un état-major de place, sous les ordres d’un commandant qui a le titre de casillano, un major, un aide & sous-aide-major, un commandant d’artillerie , &- trois cents hommes de garmison. Ils y ont un arsenal , avec tous ses ateliers entourés de murailles, des magasins, des chantiers. Il. y à fur la langue de terre qui embrasle le port du côté ouest, un village affez considérable , peuplé de gens de mer , d’ouvriers Indiens de toute espèce, pour les radoubs & carênes des vaisleaux. Ce village peut contenir enviton mille amés. On y voit trois églises.

La ville de Manille eft située à trois lieues & demie du port de Cavitte, à peu près vers le milieu de la partie orientale de la bäe.

Après avoir sait à Cavitte les visites indispensables, & avoir pris dans le port les précautions nécessaires à la süreté de nos bâtimens, nous nous sommes rendus à Manille auprès de M. le Gouverneur général, qui nous a parfaitement accueillis, & nous a accordé tous les secours que nous lui avons demandés pour les réparations des deux vaisleaux. Du palais du Gouverneur, nous nous sommes rendus au palais archiépiscopal , où nous avons trouvé un prélat refpe@table, qui nous a reçus avec toutes les marques poshbles de bonté. Nous avons fait de suite les autres visites d’ usage , chez MM. les membres de l’audience royale, chez les principaux officiers dela place, & chez les citoyens les plus notables de la ville.

Quelques jours après, je pris un lo- gement dans le fauxbourg qu’on nomme de Sainte-Croix, où logent ordinairement les étrangers. Îl y avoit tant de facilité pour communiquer de la terre avec les vaisleaux , par le moyen des bateaux du pays ; que nos travaux ne _soussrirent aucun retard de notre établissement dans le fauxbourg de Manille. Je ne perdis pas un moment pour artèter la voie d’eau qui s’étoit ouverte au Mascarin dans la traversée de Guame aux iles Philippines.

Après avoir fait abattre cette slite, | avoir délivré partie de son doublage pour chercher cette. voie. d’eau , je m’apperçus que ce bâtiment-avoit besoin de plus grandes réparations que je ne l’avois d’abord pensé. Tout examen fait, il sut décidé que la slûte seroit mise en radoub. Je la fis doubler entièrement à neuf, changer même quelques bordages pourris, des pièces essentielles de son avant, & un grand mât de hune qui se trouva hors de service. Toutes ces réparations surent longues, parce que nos meilleurs matelots désersoient de jour en jour, & que les Indiens ne vont pas vite en besogne; mais l’ouvrage fut bien fait.

DESCRIPTION OF PORT CAVITTE AND OF WHAT WE DID THERE.

Manilla Bay is almost quite round; it is about seven leagues across in every direction, and twenty leagues in circumference from point to point. It has a S. E. aspect. Marivelles Island is situated in the middle of the entrance, and is half a league broad by two long, and forms N. and S. passages. Both these passages are equally good. The passage on the S., which appears to be broadest, is somewhat contracted by two islets, or rocks, one of which, called Le Fraise, is on the Luzon side, and the other, called Monja, is close to Marivelles Island. On this island the Spaniards have established an Indian post to give notice of vessels in search of the entrance to the harbour. When they see a ship, they hoist a flag, discharge a mortar, and some of them immediately take a boat for Cavitte and Manilla, to give notice of what they have sighted. The distance from Marivelles to Cavitte is about seven leagues.

This port is situated in the S. E. corner of the bay; it is horseshoe in form, and will hold twelve ships, which are safe on a mud bottom. It is defended by a large battery and a small fort.

STATE OF THE MASCARIN.

The Spaniards have established a staff of officers here, under the orders of a commandant, called a Castillano; they have a major, an adjutant, a sub-adjutant and a commander of artillery, and three hundred men in garrison. There is also an arsenal with all its workshops surrounded by walls, magazines and a dockyard. On the tongue of land on the W. side of the port there is a fairly big village, peopled by sailors and every description of Indian workmen employed in the repairing and careening of vessels. The village contains about a thousand souls and has three churches. The city of Manilla is situated three leagues and a half from Cavitte, and almost in the middle of the eastern portion of the bay.

After having paid the necessary visits at Cavitte, and having taken proper precautions in the port for the safety of our vessels, we went to Manilla, to the Governor-General, who received us extremely well and afforded us all the help we asked for to enable us to repair our vessels. From the palace of the Governor we went to that of the Archbishop, who received us with every possible mark of kindness. We then made the other customary visits to the members of the Royal Audience, to the principal officers of the place, and to the chief citizens.

A few days afterwards I took up my abode in a suburb which is called Saint Croix, where strangers generally lodge. Communication between the land and our ships by means of boats was so easy, that our work did not suffer in the slightest by our establishment in this Manilla suburb. In the meanwhile I did not lose a moment in stopping the Mascarin’s leak, which had sprung during our journey from Guam.

Having dismantled this storeship, and having cleared away some of the sheathing in search of the leak, I found that the vessel required far greater repairs than I had at first thought necessary. Her examination being completed, it was decided to refit her, which I did at once, changing some rotten planks, some essential portions of her bows, and a large topmast, which were past service. But all these repairs took a long while to do, because our best sailors deserted day by day, and because the native Indian workmen do not work quickly.