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8 Mars 1773

Le 8 de mars, tous mes vivres étoient à bord; j’avois pris congé du Gouverneur & de toutes les personnes en place : je n’attendois plus que le vent favorable pour appareiller & faire mon retour à l’ile de France. Avant de quitter cette relâche, je vais placer ici mesobservations fur Manille, & fur la colonie dont elle eft le chef-lieu.

Observations faites à Manille, capitale des iles Philippines.

La ville de Manille est une des plus belles villes que les Européens aient bâties aux Indes orientales. Ses maisons sont toutes en pierres, couvertes de tu les; elles sont vastes, commodes & très-bien aérées. Les rues. de Manille sont larges, & parfaitement alignées : on en compte cinq principales qui partagent la ville dans tonte sa longueur, & environ dix qui la coupent dans fa largeur.

La ville forme un quarré long, entouré de murs & de soslés; elle eft désendue du côté de la rivière par une citadelle dont le plan n’eft.pas bon, & qui va être abattue pour en construire une autre. Les murailles de la ville sont flanquées d’un bastion à chacun des quatre angles : on compte à Manille huit églises principales , devant chacune desquelles il y a une place: toutes ces églises sont belles, vastes, richement décorées. La cathédrale est un édifice qui serois beau dans nos principales villes de l’’Europe; elle vient d’être rebâtie par un Théatin Italien, qui est bon archite&e.

Les deux rangs de piliers qui supportent les voûtes de la nes & des bas-côtés, sont des colonnes de marbre magnifiques, ainfi que celles du portail, les autels,.les marches & le pavé. Ces marbres sont du pays, bien diverssiés, & de la plus grande beauté. La place qui est devant la cathédrale ess la plus belle de la villes elle est fors grande.

La façade de la cathédrale orne d’un côté le palais du gouverneur; de l’autre, la maison de ville remplit la face opposée à ce palais : la maison de ville est très – belle. A l’extrémité de la place opposée à la cathédrale, on construit un vaste corps de casernes destinées à loger huit mille hommes de troupes.

Les maisons particulières, ainsi que les édifices publics, font tous à un étage au deflus du- rez-de-chauflée. Les Espagnols ne se logent jamais dans le rez-de-chauflée, à caufe de l’humidité : ils occupent le premier étage; & la chaleur du climat les a déterminés à faire des appartemens très-vastes, avec des galeries qui règnent tout autour, & sont jetées hors du bâtiment, de manière à écarter lé” foleil de l’intérieur des appartemens ; car les fenêtres sont partie des galeries, & l’on ne reçoit le jour dans les chambres, que par des portes qui donnent dans les galeries. Les rez-de-chauffée servent de magasin; & pour empêcher l’humidité, on élève leterrain avec du charbon à la hauteur d’un pied, on jette du: sable ou du gravier fur ce premier lit de charbon, & l’on pave en pierres ou en carreaux de briques liées avec du mortier par deflus le Lit de fable. 6 : iles quarante peuplades de cultivateurs Indiens établis fur les bords du lac.

Les fauxbourgs de Manille sont plus grands & plus peuplés que la ville ; ils en sont séparés par la rivière fur laquelle on a construit un beau pont. Le fauxbourg de Minondo est peuplé fur-tout de Métis, Chinois & Indiens, la plu-part orsèvres, & tous ouvriers. Le faux-bourg de Sainte-Croix est habité par des négociäns Espagnols, par des étrangers de toutesles nations, & par des Métis Chinois. Ce quartier est le plus agréable du pays, parce que les ma#ons, qui font au moins aufh belles que celles de la ville, sont bâties sur le bordde la rivière, dont elles ont toutes les commodités & des agrémens. |

. Avec tant d’avantages, cette belle ville est mal placée ; elle est bâtie entre deux volcans qui fe communiquent, & dont les soyers, toujours en a@ion, préparent évidemment fa ruine. Ces deux yolcans font celui de la Lagonne-ed-Tail, & celui du mont Albay. Quand l’un brüle, l’autre jette de la fumée. Je parlerai ci-après du premier de ‘ces volcans , qui m’a paru le plus fingulier.

En attendant que quelques secousses des volcans décident son sort, Manille est la capitale des établislemens Espagnols.aux îles Philippines. C’est-Rà que réside le gouverneur qui a le titre de capitaine général, & de président de l’audience royale. C’étoit Dom Simon de Auda qui remplisoit cette place lorsque je suis arrivé à Manille. Ce gouverneur avoit été ci-devant membre de l’audience royale; & lorsque.les Anglois, ä-lasin de la dernière guerre, avoient pris Manille, cet officier de justice s’étoit échappé de la ville avant la reddition, s’étoit mis à la tête des Indiens de la province de Pampangue : fans égard à la capitulation de la ville, il avoit refferré les Anglois dans leur conquête’, & il avoit assamé également les vainqueurs & les vaincus. S’étant apperçque les Chinois établis hors des murs de la ville sournisloient des vivres aux Anglois & aux Espagnols, Dom Simon de Auda avoit fait une boucherie des Chinois, & en avoit fait pañler plus de dix mille au fil de l’épée. If m’a paru que les Espagnols pensoient aflez généralement que les efforts du confeiller avoient été plus nuisibles qu’avantageux à la colonie Espagnole. Les Anglois , harcelés par les Indiens de Dom Simon de Auda, avoient de leur côté armé & fait soulever d’autres provinces de Luçon pour opposer Indiens à Indiens; & cette espèce de guerre civile avoit plus nui à la colonie Espagnole , que la prise même de Manille par les Anglois.

Quoi qu’il en foit, Dom Simon repassé en Espagne. après la paix, y avoit été récompensé de son zèle pour le service, avoit été fait conseiller de Castille , & renvoyé à Manille en qualité de gouverneur général des îles Philippines.

Depuis son arrivée dans son gouvernement , il y avoit mis èn a@ivité une multitude de projets importans & difficiles À exécuter tout à-la-fois. I avoit fait commencer des ouvrages considérables de fortifications dans différentes parties de la ville, des casernes très-vastes, des chauslées à l’embouchure de Ja rivière, un moulin à poudre, un établisiment de sourneaux & de sorges pour exploiter des mines de fer; enfin, une quantité de différens ouvragés utiles, qui auroient peut-être mieux réussi si on avoit pu mettre un ordre successs dans leur exécution.

L’archipel des Philippines contient quatorze iles principales : leur gouvernement est divise en vingt-sept provinces, qui sontgouvernées par des Alcades, ous les ordres du gouverneur capitaine général. Toutescesiles sontsoit peuplées: on y compte environ trois millions d’habitans : elles s’étendent depuisle dixième jusqu’au vingtième degré nord, sur une largeur inégale d’environ quarantelieues à la tête septentrionale de Luçon, & s’élargislent susqu’à deux cents lieues au midi de la pointe S. E. de Mindanao à Ja pointe $. ©. de la Paragoa. Elles sont toutes sertiles & riches en productions naturelles. Mais, depuis plus de deux cents ans que les Espagnols s’y font établis, ils n’ont pu encore parvenir à se rendre maîtres de toutes ces îles; ils n’ont aucun établissement {ur la Paragoa qui a près de quatre-vingt lieues de longueur, & sur toutes les petites iles adjacentes; ils ne possédent que quelques arpens deterre sur la grande île de Mindanao, qui a deux cents lieues de circonférence: & ils ne connoissent même pas encore, à beaucoup près, tout l’intérieur de l’île de Luçon, où ils ont leur établiflement principal, la ville de Manille. Luçon eft la plus grande de ces iles ; elle a cent quarante lieues de longueur depuis le cap de Bojador jufqu’à la painte Balusan, qui est la plus méridionale : elle a environ quarante lieues Q àde largeur. Il y a dans le nord de Luçon, du côté de la province d’Ilocos , des peuples anciens avec lesquels les Espagnols n’ont jamais pu établir de communications ils croient que ces peuples sont d’anciens descendans de Chinois, qui, ayant fait nausrage fur ces côtes, sormèrent des établissemens dans les Montagnes de cette partie de Luçon : ils assurent que quelques Indiens connoillent les routes pour parvenir jusqu’à ces peuples, & qu’ils y font bien reçus; mais qu’il est de leur intérêt de garder le secret à l’égard des Espagnols <E Cause des grands profits qu’ils retirent pour les échanges avec des peuples qui manquent de beaucoup de choses, & n’ont que des vivres & de l’or.

En général, toutes les îles Philippines étoient habitées par deux espèces d’’hommes, lorsque les Espagnols s’y établirent; par des indigènes, la plupart noirs; & par des Malais de couleur rouge. Les premiers habitoïent & occupent encore aujourd’hui les sorêts , les montagnes & le centre des îles : ils: sont toujours sauvages ; & les Espagnols n’ont pu jusqu’à présent ni les soumettre, ni les civiliser ; les autres étoient établis sur les côtes : c’étoient des colonies transplantées anciennement de Sumatra, de Malaca, de Bornéo, & de différentes îles Malaises. Ces étrangers, en s’emparant du pays, avoient chaslé dans l’intérieur les indigènes. Ce sont ces habitans des côtes que les Espagnols foumirent en arrivant , & que leurs missionnaires ont depuis rendus chrétiens. Ces insulaires avoient une police, un culte & quelques arts ; ils avoient des rois dont les Espagnols ont peu à peu détruit les familles : ils ont conservé leur ancien langages &iln’y a guère que les Indiens des environs de Manille qui parlent la langue espagnole. Les mislionnaires son obligés, en arrivant dans le pays, d’apprendre les langues indiennes, qui varient suivant les différentes îles: mais Qùon en distingue.deux principales , dont les autres ne sont que des dialeétes ; la langue Tagale, qui est celle de Luçon & de quelques îles adjacentes ; la Bisaïe, qui est la langue des insulaires méridionaux.

On trouve beaucoup de variétés parmi les habitans de ces îles. Au midi de Luçon, l’ile des Nègres et ainsi appelée par les Espagnols, à cause de la couleur des hommes qu’ils y trouvèrent : ils ont les cheveux cotonnés, & parlent une langue particulière, qui ne s’étend pas hors de leur pays. Dans les iles voifines, lès Espagnols trouvèrent des hommes qui se peignoient le corps comme presque tous les insulaires de la mer du fud, jusqu’à la nouvelle Zélande. Il paroït que tous ces peuples étant navigateurs, divers événemens de la navigation les ont portés d’ile én’île, & les ont mêlés d’une façon fingulière. Il arrive encore dans les parties méridionales de l’archipel des Philippines > des embarcations amenées oi par des coups de vents qui y portent des hommes entièrement sauvages, qu’on n’a jamais réuffi à apprivoifer, qui ne parlent aucune langue qui ait du rapport avec celles des Philippines, & dont on ne peut favoir de quel pays ils viennent.

J’ai eu occason de voir des sauvages indigènes de l’ile de Luçon, que quelques Indiens Espagnols avoiert amenés de bonne volonté à Manille : c’étoient des hommes fort noirs, à cheveux cotonnés, de petite taille, mais robustes & nerveux, aflez laids de figure; ils avoient pour tout habillement une ceinture d’écorce d’arbres, des brssfelets de plumes à lavant-bras, la tête couronnée de plumes, comme tous les fauvages de la mer du fud, un carquois rempli de flèches fur le dos, & un arc à la main. Ils avoient un air bien sauvage & très-étonnés de tout ce qu’ils voyoient. Accoutumés ‘au silence des sorêts , le moindre bruit paroisloit les alarmer ; ils avoient un tournement de tête & des mouvemens d’inquiétudes continuelles. Les Espagnols les traitèrent bien; mais il me parut qu’ils aimoient mieux leur liberté, que tous les beaux préfens que le gouverneur général leur fit en habillemens de foie & de coton.

La façon de vivre de ces sauvagés varie dans les différentes iles : en quelques-unes, chaque famille vit ensemble, & forme une petite société séparée de tout le genre humain : dans d’autres , chaque individu vit feul dans les forêts avec fa compagne. Parmi ceux-ci, on en trouve qui construisent des huttes au centre des arbres toussus, où ils fe retirent toutes les nuits, & changent fouvent de gîte. Les Epagnols ont cru longtemps qu’il y avoit sur l’ile de Mindoro une espèce de sauvages à queue, comme des singes; mais , après plusenrs vérifications , le fait a été reconnu faux, Cette ancienne erreur prouve néanmoins que , dans les premiers temps de la découverte, les Espagnols surent frappés des variétés, qui se trouvoient dans l’espèce humaine parmi les habitans de cet archipel. Les Indiens foumis aux Espagnols sont sort basanés; ils sont en général de petite taille ; ils ont les cheveux noirs trèslissés, le visage plat, les yeux un peu chinois, le nez court & écrafé. Le mélange des Indiens avec les Espagnols & avec les Chinois, a produit beaucoup de mulitres; de manière que les Indiens des environs de Manille ne resslemblent plus À ceùx des provinces éloignées ; ils sont beaucoup plus blancs : on voit même parmi les Indiennes de jeunes filles qui sont blanches comme des Espagnoles, & jolies; & d’autres qui ont tous les traits des Chinoises. On voit très-peu de femmes Européennes à Manille. Les Espagnols ont pris des femmes parmi les Indiennes; & les en-sans sortis de ces mariages sont devenus à la seconde génération aufhi blancs que les Espagnols.

Les Indiens ont dans tous les temps été bien traités par leurs conquérans, à qui il a été défendu d’en faire des esclaves : ils ont conservé leurs anciens habillemens Malais, avec quelques chan-gemens dans la coupe de la chemise, qui est un peu à l’européenne. Leur habillement consiste en un large caleçon de foie bleue ou cramoisie , & une chemise ordinairement de toile de Chine, très-fine & d’une grande blancheur. Çette chemise, qui tombe par deslus le caleçon comme un rochet , est souvent brodée.

FIN.

On the 8th of March all my stores were on board. I had said good-bye to the Governor and to everybody in the place, and I only awaited a favourable wind to weigh anchor and return to the Isle of France. Before leaving this harbour I will here note down my observations on Manilla, and on the colony of which it is the capital.

OBSERVATIONS MADE AT MANILLA, THE CAPITAL OF THE PHILIPPINES.

The city of Manilla is one of the most beautiful that Europeans have built in the East Indies; its houses are all of stone, with tile roofs and they are big, comfortable and well ventilated. The streets of Manilla are broad and perfectly straight; there are five principal streets, which divide the city lengthwise, and about ten which divide it broadways. The form of the city is that of an oblong, surrounded by walls and ditches, and defended on the side of the river by a badly-planned citadel, which is about to be pulled down and rebuilt. The city walls are flanked by a bastion at every one of the four angles. There are at Manilla eight principal churches, with an open place in front of every one; they are all beautiful, large and very richly decorated. The Cathedral is a building which would grace any of our chief European cities, and has just been rebuilt by an Italian Theatin, 1 who is an able architect. The two rows of columns which support the vaults of the nave and of the aisles are of magnificent marble, so also are the columns of the portal, the altars, the steps and the pavement. These marbles are obtained from local quarries, are of great variety, and are of the greatest beauty. The space in front of the Cathedral is very large, and is the finest in the city.

On one side the Palace of the Governor is flanked by the Cathedral, on the other by the Town Hall. The Town Hall is very beautiful. At the extremity of the place in front of the Cathedral a large barracks is being constructed, and which is to be capable of lodging eight thousand troops.

Private houses, as well as public buildings, are all one story high. Spaniards never live on the ground floor, on account of the dampness, but they occupy the first floor instead. The heat of the climate has induced them to build very large apartments, with verandahs running right round the outside, so as to keep out the sun; the windows form part of the verandahs, and the

As the country is very subject to earthquakes, the houses, although built of stone, are strengthened with large posts of wood or iron fixed perpendicularly in the ground, rising to the top of the wall-plates, and built within the walls, so that they cannot be seen, and then crossed on every floor by master girders, strongly bound together and bolted by wooden keys, and which so consolidate the whole building.

Manilla is built on the mouth of a beautiful river, which flows from a lake, called by the Spaniards Lagonne-de-bay, and which is situated five leagues inland. Forty streams flow into this lake, which is twenty leagues in circumference, and around which there are as many villages as streams. The Manilla river is the only one which flows out of the lake. It is covered with boats, bringing to the city every sort of provision from the forty agricultural tribes established on the lake shores.

The suburbs are bigger and more thickly populated than the city itself; they are separated from it by a river, across which a beautiful bridge has been thrown. The Minondo suburb is more especially inhabited by half-breeds, Chinese and Indians, who are for the most part gold and silversmiths, and all of them workpeople.

The Saint Croix suburb is inhabited by Spanish merchants, by foreigners of all nations, and by Chinese half-breeds. This quarter is the most agreeable one in the country, because the houses, which are quite as fine as those of the city, are built on the river bank, and thereby they enjoy all the conveniences and pleasantness due to such a position.

In spite of such advantages, the city is badly situated, being placed between two intercommunicating volcanoes, and of which the interiors, being always active, are evidently preparing its ruin. These two volcanoes are those of the Lagonne-ed-Taal and of Monte Albay. When one burns, the other smokes. I shall speak later on of the former of these volcanoes, which, to me at least, appeared a most singular one.

Until the shocks from the volcanoes shall decide its fate, Manilla remains the capital of the Spanish establishments in the Philippines. Here reside the Governor, who is called the Captain-General and President of the Royal Audience. Don Simon de Auda filled this office when I arrived at Manilla. This Governor had previously been a member of the Royal Audience, and when the English, at the end of the last war, took Manilla, 2 he escaped from the city before the surrender, placed himself at the head of the Indians of the province of Pampague, and, without regard to the capitulation of the city, he is said to have succeeded in confining the English within their conquest, starving equally the conquerors and the conquered. Noticing that the Chinese established outside the city walls were furnishing provisions to English and Spaniards alike, he butchered them, putting more than ten thousand to the sword. It seemed to me however that the Spaniards in general considered the efforts of this councillor to be more harmful than advantageous to the welfare of the Spanish colony. The English, harassed by the Indians under Don Simon de Auda, had on their part armed and raised other provinces of Luzon, so as to oppose Indian to Indian, and this sort of civil war did more harm to the colony than even the capture of Manilla by the English.

However this may be, Don Simon de Auda returned to Spain after the peace, was rewarded for his zeal by being made Privy Councillor of Castile, and was sent back to Manilla as Governor-General of the Philippines. Since his arrival in his province he has started a number of important projects, but difficult to be carried out at one and the same time. He has started considerable fortifications in various parts of the city, very large barracks, dykes at the mouth of the river, a powder mill, smelting furnaces and forges to work the iron mines, and a number of other useful works, which might have succeeded better had they been started in due succession.

never been able to establish communication. It is believed that these people are the descendants of Chinese, who, having been shipwrecked on these shores, have established themselves in the mountains of this part of the island. It is said that some Indians know the routes by which access is gained to this people, and that they have been well received by them; but it is in the interest of these Indians to withhold the knowledge from the Spaniards, on account of their great trade profits with these people, who lack many things and have only provisions and gold.

Generally speaking, when the Spaniards established themselves in the Philippines, these islands were inhabited by two varieties of man, –by the aborigines, mostly black, and by the Malays, of reddish hue. The former inhabited, and still occupy the forests, the mountains, and the centre of the islands; they are still wild, and the Spaniards up to now have not been able to subdue nor to civilize them. The latter were established along the coasts, and were colonies formerly transplanted from Sumatra, Malacca, Borneo and other Malay islands. These latter, in taking the country, have driven the aborigines into the interior. It was these inhabitants of the shores that the Spaniards subdued on arrival, and whose missionaries have converted them to Christianity. These islanders possessed a government, a civilization, and some arts, and they had kings whose families the Spaniards destroyed one by one. They have preserved their old language, and there are only a few Indians in the neighbourhood of Manilla who speak Spanish. The missionaries on arriving in the country are first of all obliged to learn the Indian tongue, which varies according to the different islands. Two different languages are distinguished, the others being only dialects, the Tagale language, which is that spoken in Luzon and the adjacent islands, and the Bissau, which is the language of the northern islanders. There are many varieties among the inhabitants of these islands. At the south of Luzon, Negro Island is so called on account of the nature of its inhabitants, whose hair is woolly, and who speak a language which is not met with outside their country. In the neighbouring islands the Spaniards met with men who tatued the body like nearly all the inhabitants of the South Seas as far as New Zealand. It seems that all these people were good navigators, and that various occurrences in the course of navigation have carried them from one island to another, and have mixed them up in a singular manner. It sometimes still happens that crafts are brought by storms to the southern portion of the Philippine Archipelago, containing men who are complete savages, whom it has been impossible to civilize, who speak a language which has no affinity with any language spoken in the Philippines, and whose habitat is not discoverable.

I had an opportunity of seeing some aboriginal savages of Luzon, whom some Spanish Indians had brought in of their own free will. 4 They were very black, with woolly hair, short in stature, but robust and sinewy, and very ugly. Their whole clothing consisted in a girdle of bark, feather bracelets on the forearm, a crown of feathers on the head, like all the savages of the South Seas, a quiver full of arrows on the back and a bow in the hand. They looked very wild, and were much astonished with all that they saw. Accustomed to the silence of the forest, the slightest noise seemed to alarm them, and they were continually looking about in the most uneasy manner. The Spaniards treated them well, but it seemed to me that they preferred their liberty to all the beautiful presents in silk and cotton clothing which the Governor-General gave them. The habits of these savages vary according to the different islands. In some every family lives together, and forms a small society separated from all the rest of humanity; in others every individual lives alone in the forests with his mate. Amongst the former there are some who construct huts in the centre of clumps of trees, where they retire at night time, and often change the site. The Spaniards thought for a long time that there lived on the island of Mindoro a tribe of savages who had tails like monkeys, but after many inquiries this belief was found to be false. This old mistake proves, nevertheless, that in the early days of the discovery the Spaniards were struck with the varieties of the human race they met with in this Archipelago.

The Indians subdued by the Spaniards are very swarthy; they are generally short, with very glossy hair, flat face, eyes something like the Chinese, and the nose short and flattened. The mixture of Indians with Spaniards and Chinese has produced many mestizos, so that in the neighbourhood of Manilla the Indians no longer resemble those at a distance, being very much whiter, and one sees amongst the Indian female population young girls who are as white and as pretty as Spaniards, and others who have all the traits of the Chinese. There are very few European women to be seen at Manilla. The Spaniards have taken Indian women to wife, and the children produced by these marriages have in the second generation turned out as white as Spaniards.

Through all these times the Indians have been well treated by their conquerors, who have not been allowed to make slaves of them. They have thus preserved their original Malay clothes, with a few changes in the cut of the sarong, which is slightly European in form. Their dress consists of a large pair of drawers, in blue or crimson silk, and a shirt, generally of Chinese linen very fine and very white. This shirt, which hangs over the drawers like a tunic, is very often embroidered.

THE END OF CROZET’S VOYAGE.